Lionel présente Sametou Sawtan du sextet SANAM

Chroniques Musicales

 

Le pays Liban existe dans ses frontières actuelles depuis 1920, date de la création du Grand-Liban sous mandat français et britannique, issu du démembrement de l'Empire ottoman à la fin de la Première Guerre mondiale. Du Liban, on connaît en général la cuisine, on sait parfois la mosaïque ethnique et religieuse qui compose sa nation, les actualités nous rappellent régulièrement les conflits qui la divisent et la traversent. Il faut tendre l’oreille un peu plus pour entendre d’autres voix que celle d’un désastre ordinaire. Ainsi le vent, celui qui gonflait les voiles des navires marchands phéniciens, nous rapportera peut-être le nom d’un de ses poètes : Khalil Gibran. Mais aussi le son du deuxième album de Sanam sextet libanais, intitulé Sametou Sawtan (“J’ai entendu une voix”), un album incandescent, entre rock psyché, jazz libre, électronique bruitiste et traditions arabes. Produit par Radwan Ghazi Moumneh (Jerusalem In My Heart), ce disque incarne l’esprit vibrant de Beyrouth tout en portant le deuil discret d’un pays en exil intérieur. Enregistré entre Paris et une maison médiévale à Byblos, Sametou Sawtan explore l’éloignement – celui de ceux qui partent, et celui que l’on ressent même en restant. Les textes, tirés de la poésie arabe classique (Omar Khayyam) ou contemporaine (Paul Shaoul), côtoient des paroles originales de la chanteuse Sandy Chamoun, chantées avec une intensité presque incantatoire. Entre les ballades hantées comme “Goblin” et les montées fiévreuses de “Harik” ou “Tatayoum”, SANAM brouille les repères et affirme son identité singulière : une musique libre, hybride et frontale, à la fois enracinée et visionnaire. Un disque puissant, qui fait entendre la voix de ceux qui refusent de se taire.

Ecoutons donc “Harik” issus de l’album Sametou Sawtan du sextet SANAM sorti sur le label Constellation.